DieuMathias Pontevia (horizontal dr.) / Jean-Sébastien Mariage (e. gt) / Heddy Boubaker (e. bass) /
Excessively improvised music
Par ces temps jupitériens, il est rafraîchissant de retrouver soudain un Dieu en trois personnes. Pas n'importe quelles personnes. Trois colosses de l'improvisation, trois génies du son singulier, trois fildeféristes maintenant un équilibre instable entre sourde introspection et collusion retentissante. Trois musiciens, donc, assez intrépides pour transformer un trio de forme classique (guitare électrique, basse électrique, batterie quoique "horizontale") en champs de bataille antigravitationnel ; assez inspirés ‐ surtout par le mouvement dada et le rock poétique des Stooges ; assez confiants pour fouailler le corps de la musique à la limite du dérèglement sonore, du silence, du bruit, du doux, du cri, du rien. Frappés de cordes et de tomes engagés, aplomb du rythme, moments tortueux, vifs, aigus, absurdes, habités… « Dieu, comme son nom l'indique, est un outrage permanent à ce qu'il faut faire ou nourrir pour faire de la musique », disent-ils. Et aussi : « Nous improvisons la musique excessivement ». C'est vrai. Mais lorsque cet excès se résout sans se dissoudre, lorsque cette chose si ténue, si singuliàre, si inaccessible apparaît ‐ et comment la nommer : l'essence de l'improvisation ? la musique ? ‐ ce n'est pas un miracle, c'est Dieu.
-- Yann Beigbeder
