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Èch urn006 ‐ 07/2020

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  • Èch & Un Rêve Nu (production)
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    Rares sont les disques qui s’apprivoisent dès la première écoute, à plus forte raisn dans le champ des musiques libres et improvisées. Tout cela sans faire aucune concession, sans tomber dans la facilité ou le déjà-vu/entendu, mais en faisant preuve d’une niaque d’enfer, d’une débordante générosité et d’une ouverture sans borne vers l’ailleurs.
    Ce disque est l’œuvre du quintet Èch, emmené par le grand manitou des musiques libres à Toulouse, Heddy Boubaker. A la fois créateur de groupes, éditeur de disques, organisateur de festivals et de concerts, il joue depuis de nombreuses années le rôle d’animateur et de passeur en faisant bouillonner ce microcosme musical. C’est un phare dont le regard vif et le sourire discret rassurent. Il propose ici un de ses enregistrements les plus aboutis publié sur son propre label, Un rêve nu, en s’entourant d’autres talentueux musiciens. Ces derniers sont pleinement investis dans d’autres formations (La Ligue des Objets pour Andy Lévèque et Piak pour Julien Gineste par exemple) et contribuent eux aussi à la vitalité des musiques improvisées à Toulouse. Le trompettiste Walkind Rodriguez signe (peint plutôt) la magnifique pochette du support physique.
    Le disque est un concentré des différents répertoires où la musique libre sait piocher son inspiration. En balayant ce large spectre, le groupe offre une synthèse résolument tournée vers l’avenir de plusieurs décennies d’expérimentations. À la croisée de l’Art Ensemble of Chicago et des Lounge Lizards, cet enregistrement est un beau manifeste démontrant qu’il y a encore beaucoup à dire dans ce registre. Au fil des morceaux s’installe une tension permanente, donnant l’impression d’être constamment sur le fil du rasoir, une sensation malheureusement rare dans de nombreux disques se réclamant de ces musiques-là. Ici, le point de non-retour n’est jamais loin, l’orage gronde sous les assauts incessants de la guitare vrombissante d’Heddy Boubaker. Aidé par ses deux soufflants aux tutti déjantés et aux jeux fougueux, le groupe invective son auditeur et use de tous les moyens pour le happer et l’embarquer dans sa grande procession. Mais il n’oublie pas de le guider au milieu d’un chahut joyeusement bordélique de cris et de sifflets. Si la déferlante sonore est le mot d’ordre, la musique se veut aussi rassurante, comme une caresse tendre et chaleureuse, lors d’éphémères moments de quiétude où le groupe dévoile une autre facette, subtile et plus fragile.
    Il n’est peut-être pas trop osé de dire que ce disque continuera encore longtemps de hanter les oreilles des curieux et des curieuses. Et que comme le bon vin, il ne pourra que se bonifier avec le temps, et pourquoi pas même devenir une référence du genre.

    Jean-François Sciabica -- CitizenJazz, janvier 2022

    Heddy Boubaker has an interesting history in music. Originally, he was a sax demon, exploring both the lowercase deconstructivist and Borbetomagusian (yep, that is now a word) extremes until he suddenly stopped playing due to illness, if I remember correctly. After several years exploring the modular synth and bass, he moved back to the first instrument that caught his attention as a teenager, the electric guitar. Boubaker first came to my ears a decade ago through sotto voce releases on Insubordinations, Creative Sources, and an all-too short-lived netlabel Con-V. Then, I discovered his Rosa Luxemburg Quartet (Insub, Not Two) and wall of noise Zed Trio (Ayler) and I was convinced. Then, however, he seemed to disappear.
    Èch is Heddy Boubaker on electric guitar, Julien Gineste on alto sax and electric organ, Erwan Lamer on percussion and bass clarinet, Andy Lévêque on alto sax, and Walkind Rodriguez on trumpet, percussion and voice. For those of you familiar with Boubaker, this release leans much further toward the melodicism of Rosa Luxembourg and clunky abstractions of Zed than the near-silence of much of his solo work. All tracks are composed by Boubaker.
    The first track, Mange Tout, is straight-up fire music minus the melody with which the Nordic and American practitioners tend to imbue it. This, of course, does not mean this is just harsh noise. Tracks such as L'Entaille Du Rasoir d'Hanlon are demented marches. Fidèle A Vos Illusions is based on a dark and glitchy, Afro-Caribbean inspired beat and consists of one long, pulsing crescendo. Missing D, which begins a simple guitar riff soon met with explosive percussive and horn blasts seems more inspired by post-punk (Lamer’s steady bass drum pulse and Boubaker’s staticky guitar oscillations) and aggressive avant-rock (Gineste, Rodriguez, and Lévêque’s torqueing fanfares). Un Autre Hôte is a slow, meditative guitar-based piece reminiscent of David Grubbs at his more laggard moments. Martine A La Plage (a play on the far-right nationalist Marine la Pene) starts as a playful blend of Balkan-esque dance music scrambled with playful electronic and heavier doom-jazz elements for the first half. Then, it turns minimalist ritualistic Krautrock drone. (What had seemed a fringe joke just a decade ago, it seems, has lost its levity.) Lama Fâché returns to simple, repeated plodding guitar riffs punctuated by horns and, halfway through, galloping drums and shouts. As with Fidèle A Vos, this piece seems one long crescendo, or acceleration from collectedness into a manic outburst of energy. The final piece, Nous Ne Sommes Plus Des Poussières D'Étoiles, begins in a similar fashion, but develops into a glistening, dreamy soundscape rather than an ebullient release. A fine way to end an exciting and thoroughly compelling album. Clearly, abandoning the saxophone was not the end for Boubaker.

    Nick Ostrum -- Free Jazz Blog, february 2021