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Label Un Rêve Nu, chroniques


Chroniques [urn002] Mathias Pontevia - Laminaire

ImproJazz, février 2012

Quelques coups de cymbale pour définir l'espace, une frappe sèche qui ancre la grosse-caisse à la terre, un roulement orageux en fond de toile puis, de nouveau, le frisson du métal secouant la poussière qui gravite dans l'air? Mathias Pontevia n'est pas de ceux qui tergiversent pendant des heures avant d'annoncer la couleur : "Laminaire" est un solo de percussions et l'on y percute donc, blaqueboule, carambole et martèle à loisir. Pour autant le propos ne vise ni l'épopée assourdissante, ni l'inéluctable invasion du champ auditif. Les peaux et le cuivre sont constamment sollicités par l'inépuisable imaginaire du batteur, mais leur résonance intime et la justesse de leurs pulsations importent plus au démiurge en charge de leur vibration que le fracas et le foisonnement. De fait, si la batterie horizontale de Mathias ne souffre guère, durant un temps, le silence prolongé, en revanche le tonnerre déclenché par ses roulements répétés et les larges mouvements de ses bras fouettant le tranchant des cymbales n'assombrit qu'un horizon lointain chargé de menaces impalpables auxquelles on échappera sans doute.
D'ailleurs, notre homme serait plutôt non-violent et le romantisme échevelé des premières plages, qu'on aurait pu croire échappé à l'univers d'un Delacroix, va bientôt laisser place à l'abstraction de formes nettement apaisées. Le temps se distend. La peau des doigts effleure celle des tambours, étirant la mesure jusqu'à l'épuisement d'un long chuintement qu'interrompt le tintement d'une cloche. L'air pur envahit la musique au point d'en étourdir l'auditeur autant que l'improvisateur. Les quelques plages à venir libèrent la subtilité de motifs ourlés en bordure du silence?
Et le rythme reprend ses droits, moins équilibré, cependant, titubant d'un bord à l'autre du tempo comme enivré par la bouffée d'oxygène inhalée dans la clairière de ces instants lumineux. Dès lors, il ne sera plus question de structures marquées ni d'évolution logique et, jusqu'à la fin de l'enregistrement, les percussions de Mathias, sans bride ni raison, iront se cogner contre les murs des portées, papillons de nuit affolés et fascinés par le même faisceau aveuglant. De la sourde tension des premières attaques au démantèlement du rythme lui-même, le percussionniste aura finalement su détourner notre attention par l'illusion d'une fenêtre ouverte sur la sérénité d'un monde limpide. Pensée à merveille par son concepteur, la dramaturgie de ce "Laminaire" préserve ses coups de théâtre et cisaille à la base notre vigilance, démontrant une nouvelle fois qu'à la différence du live, plus immédiat dans sa fonction même, la beauté d'un album et sa nécessité résident surtout dans sa construction et sa maîtrise d'une narration envisagée dans la durée.
Enfin, il serait dommage de chroniquer un album édité par Heddy Boubaker sur son label Un rêve nu sans en évoquer le visuel puisque le conditionnement de chaque exemplaire fait l'objet d'un soin tout particulier, lui conférant de facto le statut d'?uvre d'art unique et originale. En l'occurrence, le cd est fixé à une galette de résine transparente dans laquelle la plasticienne Zéhavite Cohen a pu incruster des souvenirs issus des fonds de tiroir personnels de Mathias : une photo découpée dans un magazine, un bouton, le papier alu d'un paquet de cigarettes? Et, croyez le ou non, dès que le batteur doit offrir ou vendre un de ses albums, c'est un véritable crève-c&oe;ur tant il peine à choisir celui dont il va devoir se séparer !
Que cela ne vous empêche surtout pas de vous procurer au plus vite ce "Laminaire" qui, dès la première écoute, se révèle une superbe réussite !

Joël Pagier -- ImproJazz

Flux-Jazz, aout 2011

[…] seule aujourd'hui, la musique improvisée permet de tels voyages. J'allais dire "errances" pour signifier l'absence d'un objectif clair, d'une intention, mais ce mot pourrait faire penser à des hésitations, et ce n'est pas le sentiment que donne Pontévia. Non, le guide majeur est la découverte sonore de l'instant qu'il propose à l'auditeur. Il nous fait rêver tout éveillés, hyper attentifs aux sons, aux sentiers parcourus. Tout compte, y compris le déploiement du son, ses résonnances, l'instant des frappes, la survenance des frottements.
Peut-être sans intention de sa part, Mathias Pontévia cultive notre écoute, aiguise notre sensibilité, sans verser dans un minimalisme épuisant. Il faut l'accompagner, faire un bout du chemin avec lui. On en sort en meilleur étant qu'en y entrant, tout étonnés qu'un telle modestie de moyens puisse être aussi riches de potentialités. […]

Guy Sitruk -- Flux-Jazz

Improv-Sphere, juillet 2011

Deuxième publication sur le label d'Heddy Boubaker, Laminaire est tout d'abord un drôle d'objet, très beau et pour le moins singulier: une "sélection de petits objets, de photos, de collages etc incrustés dans un disque en résine transparente de diamètre 13,5 cm et 2 cm d'épaisseur environ" réalisée par l'artiste Zéhavite Cohen, chaque "pochette" est unique et constitue ainsi une "oeuvre d'art". Quant au soliste, Mathias Pontevia, c'est un batteur du sud de la France (Bordeaux) qui collabore régulièrement avec Heddy Boubaker et Nusch Werchowska au sein du trio WPB3 (voir la chronique ci-dessous), ainsi qu'avec Bertrand Gauguet ou Jean-Sébastien Mariage. Comme je le disais déjà à propos de A Floating World, Pontevia a évolué au sein d'un univers fortement marqué par l'influence de Lê Quan Ninh: sur ces neuf pièces de 2 à 13 minutes, il n'utilise qu'une batterie réduite à un strict minimum, mais en même temps, il sait intégrer de nombreux objets et de multiples techniques.
A la base de ces pièces, il y a tout d'abord un tom basse, fondamental, primordial, profond et évidemment, grave. Pontevia en frotte la peau, la percute, la simule et la déploie parfois avec délicatesse, d'autres fois avec témérité, mais toujours respectueusement et sensiblement, comme si ce bout de batterie avait une signification émotionnelle particulière et intime pour le percussionniste. Mais la peau n'est pas seule, elle se déploie à travers son cadre, des cymbales, des gongs et de nombreux objets idiophoniques: Pontevia détourne les objets, les assemble, et les fait vivre avec finesse et poésie, avec musicalité. Chaque outil musical semble posséder des potentialités infinies, abyssales, grâce aux multiples approches sonores qui passent par le frottement et la percussion des peaux, l'analyse des harmoniques aux cymbales frottées, les glissandos des gongs, l'interaction entre les différents types de percussions, etc. Dans toute son étendue, la batterie horizontale de Pontevia est analysée, puis synthétisée, pleinement développée et déployée. Chaque pièce atteint une profondeur abyssale à travers des dynamiques différentes dues aux caractéristiques toujours singulières des timbres travaillés sur chaque piste. Cette profondeur, ainsi que l'originalité des timbres et des idées, permet à ces pièces d'atteindre chaque fois une énergie intense et puissante.
Laminaire développe neuf pièces d'une richesse surprenante où chaque idée prend une profondeur envoutante, une exploration sonore qui n'est pas exempte de poésie et de musicalité, de sensibilité et d'émotions. Quelle joie d'entrevoir l'étendue des possibilités restantes sur les percussions; apparemment, Mathias Pontevia sait rendre l'auditeur absolument enthousiaste lors de sa submersion à l'intérieur de l'univers mental et sonore du percussionniste bordelais, un univers chaleureux et raffiné, intelligent, soigné et précis. Absolument recommandé!

Julien Heraud -- Improv-Sphere

The Watchful Ear, July 2011

In all seriousness, this might be what the future of releases in our area of music looks like, a free download of the audio files combined with a limited edition, impossible to replicate physical release for those that still hanker after something special to put on the shelves. The release in question is Laminaire the second on the Un Reve Nu label, a new solo release by Mathias Pontevia, the drummer/percussionist who has never, despite what you might read in these pages been a member of the group Hubbub… Pontevia is a Bordeaux based musician with a history in free jazz, but can often be found straying into more abstract improvised waters, such as when part of the WPB3 group I have written about once or twice. This is the first solo outing I have heard from him however.
Now, I wrote about the first release on Un Reve Nu here back in 2009. That disc, a solo by Guillaume Viltard was available as a free lossless download, but also came as a limited edition handmade release that consisted of two unique oil paintings held together with magnets, so housing the disc between them. The price of the physical release was high, but it appeals a great deal to the likes of me that appreciates music made available for free but also likes to purchase a well presented physical object so as to ensure those responsible for releasing the music get something back in return. Laminaire has been released in a similarly extravagant edition that sees the disc attached to the underside of a clear resin disc, inside which assorted random objects have been set. The image here is not of my personal disc, which contains bits of wire, some kind of tiny penknife/keyring, photos and a yellowing leaf, but it is similar. The resin disc is then housed inside a handsome black material pouch. Even before you put the CD in the player the release makes an impression. Its not like anything else I own, and while the resin disc is somewhat OTT and not something I personally find that attractive, it is certainly very different, individual and lovingly made.
More importantly though- how does it sound? Well there are a variety of approaches here, ranging from the more traditionally played, though expressively flared opening tracks through to the more spacious and inventive array of sounds on the later ones. The opening Career indeed careers around a bit, twelve minutes of lopsided cymbal strikes and deep rumbling bass sounds broken up by flurries of scattered metallic attack. The tracks have been recorded in various places. The first two tracks here, including the storm-like brooding and eruptions of Career were captured in a museum, and indeed the sound on these pieces feels big and resonant, as if the room in which they were recorded was a big, minimally furnished one. The next four pieces, if my basic French translation serves me correctly were recorded in (in?) a lake. Indeed, a photo at the label's website suggests that this may have been the case as well, though there is nothing in the third piece here to suggest that this was the case. Track four, named Bale d'Along on the other hand is bedded in a backdrop of twittering birds and passing aircraft, and while there is still nothing particularly watery about the music it does appear to have been recorded out of doors, so who knows. The fifth and sixth pieces sound similar, with the planes and birds on Saccharomyces Cerevisiae a nice, quiet filler in the longer gaps between the separated strikes and bowed cymbals of this more restrained, two minute long vignette. The sixth track, Vecteur is the most aggressive and angry here, full of crashing bass strikes and insistent scraped metals though the birdsong seems absent, perhaps all scared away by the heavier approach to playing.
Koiné, track seven of nine, and the longest piece here at a little more than thirteen minutes is also my favourite of the works here. The sounds are broken up into little sections that settle apart like little islands, with a lot of small sounds applied, though the spaces between are never overly long and often still full of decaying metal sounds. There is a wide range of techniques and textures here, and some very nice decision making and placement of sounds beside one another that gives the track a calm, yet constantly interesting and occasionally surprising feel to it. All through the album I am reminded of the work of Le Quan Ninh, but here more so than anywhere else, though the music of the Swedish percussionist Erik Carlsson also springs to mind. Koiné is a superbly balanced, carefully considered improvisation that leaves itself wide open by avoiding the moments of thunderous turbulence we hear elsewhere on the disc but responds well, with barely a weak moment heard throughout.
The closing Meet the Brush is a quiet, gentle way to end the CD as just soft lines are drawn across drum skins, presumably with a brush, mostly textured grey hisses but with some quietly singing tones pulled out here and there. Overall Laminaire is a great listen. Its likely to appeal to quite a wide array of listeners as it touches on various trends in improvisation at various times, but throughout its a very skilled, nicely crafted set of pieces that suitably frame the work of one man clearly engrossed in what he can achieve with a drumkit. Solo improv albums work best for me when they really capture something of a musician's personality and character, and while I have never met Mathias Pontevia I sense that this Cd does just that. Nice work indeed, but of course you don't have to take my word for it, you can get the music for free from here.

Richard Pinnell -- The Watchful Ear

Chroniques [urn001] Guillaume Viltard - Running Away

Touching Extreme, aout 2011

This is one of those records where, after a while, I tend to look for the constituents of the sound rather than a strictly musical concept per se. The playing is at the same time physical and unspoken, placed in an area bordering with "regular" improvisation (including preparations) and Creative Sources-related settings. A lot of whispered harmonics; a general dearth of finished figures and phrases; thuds, honks, bounces and bumps; engrossing – if rare – subsonic moans and drones. Viltard surely likes conflict and ruggedness, yet he manages to make them coexist with a sort of underprivileged poetry that makes the whole not just listenable, but even moderately touching in certain occasions. The occasional participation of a wonderful selection of forest birds underscored by a faraway cuckoo (that's right, the guy went amidst the trees and the bushes to record) further enriches a CD that grows with subsequent listens, perfumed with integrity and revealing a number of interesting acoustic events.

Massimo Ricci -- Touching Extreme

Improjazz, janvier 2010

Il vient de loin, à petits pas, soulève la poussière du chemin et s'approche de nous, titubant et grotesque, les bras tendus en une supplique muette. Puis il gémit, s'assied sur une pierre et pleure. Le silence s'ensuit, lourd de questions ouvertes. De sourds grondements naissent de sa poitrine et, dès lors, il chante, une mélodie pervertie à la récurrence tourmentée. Que faire sinon attendre qu'il nous parle, demande sa route, un verre d'eau ou l'asile pour la nuit ? Mais, déjà, sa voix s'est affermie. Il nous fustigerait presque, déçu qu'on ne l'ait pas encore compris, qu'on n'ait pas entendu qu'il ne faisait que passer et que, de cris en soupirs, ce n'est pas à nous qu'il s'adresse, mais à cette montagne, là-bas, au pied de laquelle il a décidé de creuser un trou pour mieux s'y étendre et mourir.
Il nous en racontera, pourtant, des histoires à n'en pas croire son propre entendement, des cordes disloquées qui sonnent mieux après qu'on les a humiliées, des meubles fendus en leur centre d'où s'échappent encore les fantômes d'un passé flamboyant, des souvenirs d'un temps où la musique obéissait à d'inamovibles règles et l'urgence d'une révolution qui, de répétitions en silences, déboulonna les certitudes les mieux affirmées.
Quand il nous eut dépassé, lorsqu'il eut rejoint le lieu de sa quête, il s'arrêta, embrassa la terre et creusa longtemps, avec rage et acharnement, un trou assez grand qui puisse les accueillir, lui et son instrument. Et l'herbe repoussa, enrichie de cet engrais imprévu, épais, saturé de mémoire et d'imaginaire.
La seule fois que je vis Guillaume Viltard, auprès du saxophoniste Jack Wright et de l'électroniciste Grundik Kasyansky, je n'eus d'oreilles que pour cette contrebasse grinçante qui arrachait le son à la terre même, comme si l'instrumentiste avait souhaité s'y enfoncer à jamais. Et c'est exactement ce que je ressens à l'écoute de ce solo capté en mai 2008 au Local et dans la Forêt de Bouconne : une opiniâtreté dans la recherche qui ne faiblit jamais et dénote aussitôt la marque d'un artiste profondément authentique. Rien d'étonnant, donc, à ce qu'Heddy Boubaker ait souhaité inaugurer son nouveau label avec un tel artiste ! Sa démarche mérite amplement les attentions qu'Un Rêve Nu porte à ses productions : un objet unique, illustré d'une oeuvre picturale élaborée dès la rencontre entre la plasticienne et le musicien, édité à peu d'exemplaires et destiné à durer bien longtemps après que les fichiers numériques du temps qui passe aient succombé au grand bug?
[...]

Joël Pagier -- ImproJazz

Revue & Corrigée, décembre 2009

[...] Ce disque est l'issue sonore et picturale d'une proposition du label à Guillaume Viltard, et ce que nous entendons est en quelque sorte un choix collectif, même si bien sur c'est Guillaume qui joue. Les morceaux, ou plutôt les moments choisis le sont par Guillaume Viltard, Heddy Boubaker et Nicolas Carrière qui s'est aussi occupé de tout le son (prises, mixage, mastering etc). Pour en finir avec les détails, qui n'en sont pas toujours, le disque a été enregistré en multi-microphonies. Ce qui nous est donné à écouter est un choix entre plusieurs prises simultanées d'endroits différents.
Parfois on ne sait pas trop ce que c'est. C'est bon. C'est du son. C'est une oreille (une pensée) à l'affut de ce que des doigts (combien ?) ou un archet produisent, ou les deux, et nous invite à nous promener là dedans, dans le comment il les tord, comment il s'en amuse, s'en détourne, les abandonne. Et puis les reprend. Il y a des moments ou l'on est vraiment surpris de ce que sort cette bonne vieille contrebasse et c'est magique.
La prise de son est très bonne. Par contre, je suis gêné par l'équilibre dans les prises extérieures entre les deux sources sonores, les sons ambiants et ce qui est joué. C'est bien sur très intéressant de se déplacer, de se baigner dans des sons dont on va s'imprégner pour notre jeu. A un moment on a vraiment une sorte d'agonie de vieux vaisseau (cachalot) dans la forêt qui est d'une étrangeté superbe.
Parce que, je ne sais pas vous, mais quand j'écoute un disque ou un concert, je cherche toujours ce qui est à l'origine de ce que j'entends. Par ce qui est à l'origine, je veux dire pourquoi la ou les personnes font ces choix. Et je peux partir loin dans le comment, pourquoi... Vous l'aurez compris, je ne suis pas trop d'accord avec ceux qui disent que l'art n'a pas de message, n'est pas politique etc... Même si tout ça est à bien peser. Mais donc là en l'occurrence ce qui me gêne, c'est que j'ai l'impression que ce que j'entends, n'est pas ce que Guillaume entends (des résonances locales qui ne doivent pas aller jusqu'à ses oreilles ou bien moins, des bruits secs qui jaillissent dans le micro...). Et comme moi ce qui me passionne c'est son voyage, comment il le mène. Eh bien des fois ça me met comme une distance.

Alors peut être que là on arrive à la question : &lquot; comment parler exactement du disque ? &rquot;
Pour la réalisation de l'objet, très beau travail de mise en forme de la peintre Zéhavite Cohen, peintures différentes sur chaque disque et chacune des deux plaques de bois encadrant le C.D.
Pour la musique s'agit il d'une vision du travail solo de Guillaume Viltard ou d'un disque solo ? J'ai envie de dire que ce n'est pas complètement un disque solo. C'est expliqué sur le site internet. Mais rien sur le disque sinon le lien vers le site internet. Il faudrait que cet aspect soit plus explicité sur le disque lui même. Sans gacher le travail de la plasticienne. Pas facile sans doute.

Benoit Cancoin -- Revue & Corrigée

Improjazz, octobre 2009

Pas une course en avant, mais plutôt une magnifique assurance et une parfaite sérénité.

Un Rêve Nu, nouveau label propose deux planchettes de bois assemblées avec des aimants, ornées recto-verso avec de la peinture colorée et en vis-à-vis, deux beaux collages sombres où trône la contrebasse derrière laquelle se cache Guillaume Viltard, un fantastique contrebassiste. Ah oui, j'oubliais sur un centre de caoutchouc, un cédé enregistré au Local et dans la forêt de Bouconne, les 1, 2 et 3 mai 2008. Foin de démonstrations virtuoses, mais une profonde qualité du travail de l'archet, du timbre, des glissandos, des harmoniques. Le label d'Evan Parker, Psi, nous avait régalé avec des albums solos de contrebasse John Eckhardt (Xylobiont) et de de John Edwards (Volune). Nos amis du Sud-Ouest (dont le très bon saxophoniste et activiste Heddy Boubaker) nous envoient le premier numéro, Running Away. C'est vraiment superbe, maîtisé, aérien, subtil. Guillaume a titré chaque morceau Local 1, Local 2, etc jusque 6 et puis Bouconne1 et 2, soit huit belles pièces développant dans le détail un aspect de jeu. Local 6 a de magnifiques traces de freinage qui procure un excellent moment. Dans la forêt de Bouconne, le fugueur nous lâche dans la nature et donne vraiment envie de revenir au début du disque. On ne se lasse pas de ses mélismes abstraits et merveilleux. Une sensibilité fine qui se traduit dans les inflexions rares des harmoniques. Si vous n'avez pas encore entendu parler de Guillaume Viltard, sachez qu'on en parle hors des frontières. A découvrir absolument.

Jean-Michel Van Schouwburg -- ImproJazz

[...] Evitant le piège du produit, de la chose calibrée et toisée, l'accueil dans l'enregistrement d'éléments sonores extérieurs à la musique fait du disque quelque chose de tout à fait distinct du concert qui évite traditionnellement ces parasites autant que possible. Le disque passe alors dans l'ordre de l'écrit, c'est à dire de la mise en mémoire et de la création d'une réalité trop précisément complexe pour être le fait instantané d'un seul. L'écrit a inauguré sur le papier une grande mutation que la pratique de l'enregistrement aborde peut-être à son tour, selon des modalités qui lui seront propres. L'écrit prend une autre forme quand la vue, c'est à dire l'étagement et la géométrie de la page, se substitue à un flux (passer du rouleau au codex et de la graphie continue à la séparation des mots et à la ponctuation). Quelque chose du même ordre nous est donné par le cd de Viltard, travail d'une équipe sur un objet singulier, écoute prêtée par plusieurs à la musique d'un seul, et apport plastique distinct de Zéhavite Cohen pour chaque disque.

A l'écoute du disque, et c'est injuste, je me sens plus intéressé par le processus que par la musique de Viltard qui s'y prête sans rechigner (comme dans un roman on peut être happé par la style ou la structure plus que par l'histoire, les personnages ou les thèmes). Le contrebassiste, qui possède une puissante éloquence polyphonique, ne démérite pourtant en rien, évoquant par moments Peter Kowald ou Barre Philips.

Noël Tachet -- ImproJazz

Vital Weekly #700, octobre 2009

[...] We find the CD slabbed between two parts of wood, that have photos on the inside, and handmade paintings on the outside. Both pieces of wood are held together by magnets. Nice work! [...] Some of the recordings were done in the open air, in the woods of Bouconne to be more precise. The other ones in some studio. Viltard proves himself as an improvisor with many extended techniques to his disposal. His music is from time to time very introspective, making it difficult to enjoy. But there are also many fantastic eruptions of soundimprovisation to be enjoyed here. The recordings that were done in the woods leave much room for the birds and environment, although it goes too far to speak of a dialogue with nature. On the other hand in my mind these outside recordings created the phantasy that the sounds produced by Viltard come from a horde of insects.

Dolf Mulder -- Vital Weekly

Free Albums Galore, 24 sept 2009

Un Reve Nu is a new netlabel that specializes in experimental improvisational music. Their first album titled Running Away features eight tracks by Ivory Coast bassist Guillaume Viltard. These are solo efforts on the upright bass but there does appear to be some electronic effects on a few tracks. However the main attraction is Viltard's clear virtuosity in getting a wide range of emotion and sounds from this sometimes unwieldy instrument. Another interesting musical experiment that you will never hear from the commercial music concerns.

Marvin P. Vernon -- Free Albums Galore

Mr Délire, 15 sept 2009

There are two aspects to this record I should discuss. First, the music: doublebass solos recorded in studio and in nature. Viltard masters a good range of extended techniques that allow him to explore the whole range of the instrument's sonic possibilities (some of which sounded new to my ears). His music is not particularly moving, but it stimulates the mind. Now, the object: Running Away is the first release on Un Rêve Nu, a label involved in art editions. The CD is packaged between two slabs of stratified wood, 19x14 cm, smooth on the inside faces where the cover and notes are printed, rough on the outside faces, which have been hand-painted. The pieces of wood are held together by four magnets. A unique design, marvelously executed.

François Couture -- Monsieur Délire

The Watchful Ear, 12 dec 2009

[...]Running Away is great, gripping, exciting stuff that I can listen to over and over again[...]

Read the full, long, accurate review of Richard

Richard Pinnell -- The Watchful Ear