Quelques coups de cymbale pour définir l'espace, une
frappe sèche qui ancre la grosse-caisse à la terre, un
roulement orageux en fond de toile puis, de nouveau, le
frisson du métal secouant la poussière qui
gravite dans l'air? Mathias Pontevia n'est pas de ceux qui
tergiversent pendant des heures avant d'annoncer la
couleur : "Laminaire" est un solo de percussions et l'on
y percute donc, blaqueboule, carambole et martèle à
loisir. Pour autant le propos ne vise ni
l'épopée assourdissante, ni l'inéluctable
invasion du champ auditif. Les peaux et le cuivre sont
constamment sollicités par l'inépuisable
imaginaire du batteur, mais leur résonance intime et la
justesse de leurs pulsations importent plus au démiurge
en charge de leur vibration que le fracas et le
foisonnement. De fait, si la batterie horizontale de Mathias
ne souffre guère, durant un temps, le silence
prolongé, en revanche le tonnerre
déclenché par ses roulements
répétés et les larges mouvements de ses
bras fouettant le tranchant des cymbales n'assombrit qu'un
horizon lointain chargé de menaces impalpables
auxquelles on échappera sans doute.
D'ailleurs, notre homme serait plutôt non-violent et le
romantisme échevelé des premières plages,
qu'on aurait pu croire échappé à l'univers d'un
Delacroix, va bientôt laisser place à l'abstraction de formes
nettement apaisées. Le temps se distend. La peau des
doigts effleure celle des tambours, étirant la mesure
jusqu'à l'épuisement d'un long chuintement
qu'interrompt le tintement d'une cloche. L'air pur envahit la
musique au point d'en étourdir l'auditeur autant que
l'improvisateur. Les quelques plages à venir libèrent
la subtilité de motifs ourlés en bordure du
silence?
Et le rythme reprend ses droits, moins
équilibré, cependant, titubant d'un bord à
l'autre du tempo comme enivré par la bouffée
d'oxygène inhalée dans la clairière de
ces instants lumineux. Dès lors, il ne sera plus
question de structures marquées ni d'évolution
logique et, jusqu'à la fin de l'enregistrement, les
percussions de Mathias, sans bride ni raison, iront se cogner
contre les murs des portées, papillons de nuit
affolés et fascinés par le même faisceau
aveuglant. De la sourde tension des premières attaques
au démantèlement du rythme lui-même, le
percussionniste aura finalement su détourner notre
attention par l'illusion d'une fenêtre ouverte sur la
sérénité d'un monde
limpide. Pensée à merveille par son concepteur, la
dramaturgie de ce "Laminaire" préserve ses coups de
théâtre et cisaille à la base notre vigilance,
démontrant une nouvelle fois qu'à la différence
du live, plus immédiat dans sa fonction même, la
beauté d'un album et sa nécessité
résident surtout dans sa construction et sa maîtrise
d'une narration envisagée dans la durée.
Enfin, il serait dommage de chroniquer un album
édité par Heddy Boubaker sur son label Un rêve nu
sans en évoquer le visuel puisque le conditionnement de
chaque exemplaire fait l'objet d'un soin tout particulier, lui
conférant de facto le statut d'?uvre d'art unique et
originale. En l'occurrence, le cd est fixé à une galette
de résine transparente dans laquelle la plasticienne
Zéhavite Cohen a pu incruster des souvenirs issus des
fonds de tiroir personnels de Mathias : une photo
découpée dans un magazine, un bouton, le papier
alu d'un paquet de cigarettes? Et, croyez le ou non, dès
que le batteur doit offrir ou vendre un de ses albums, c'est un
véritable crève-c&oe;ur tant il peine à choisir
celui dont il va devoir se séparer !
Que cela ne vous empêche surtout pas de vous procurer au plus
vite ce "Laminaire" qui, dès la première
écoute, se révèle une superbe
réussite !
Joël Pagier -- ImproJazz
[…] seule aujourd'hui, la musique improvisée
permet de tels voyages. J'allais dire "errances" pour
signifier l'absence d'un objectif clair, d'une intention, mais
ce mot pourrait faire penser à des hésitations, et ce
n'est pas le sentiment que donne Pontévia. Non, le
guide majeur est la découverte sonore de l'instant
qu'il propose à l'auditeur. Il nous fait rêver tout
éveillés, hyper attentifs aux sons, aux sentiers
parcourus. Tout compte, y compris le déploiement du
son, ses résonnances, l'instant des frappes, la
survenance des frottements.
Peut-être sans intention de sa part, Mathias
Pontévia cultive notre écoute, aiguise notre
sensibilité, sans verser dans un minimalisme
épuisant. Il faut l'accompagner, faire un bout du
chemin avec lui. On en sort en meilleur étant qu'en y
entrant, tout étonnés qu'un telle modestie de
moyens puisse être aussi riches de
potentialités. […]
Guy Sitruk -- Flux-Jazz
Deuxième publication sur le label d'Heddy Boubaker,
Laminaire est tout d'abord un drôle d'objet, très beau
et pour le moins singulier: une "sélection de petits
objets, de photos, de collages etc incrustés dans un
disque en résine transparente de diamètre 13,5
cm et 2 cm d'épaisseur environ" réalisée
par l'artiste Zéhavite Cohen, chaque "pochette" est
unique et constitue ainsi une "oeuvre d'art". Quant au
soliste, Mathias Pontevia, c'est un batteur du sud de la
France (Bordeaux) qui collabore régulièrement
avec Heddy Boubaker et Nusch Werchowska au sein du trio WPB3
(voir la chronique ci-dessous), ainsi qu'avec Bertrand Gauguet
ou Jean-Sébastien Mariage. Comme je le disais
déjà à propos de A Floating World, Pontevia a
évolué au sein d'un univers fortement
marqué par l'influence de Lê Quan Ninh: sur ces neuf
pièces de 2 à 13 minutes, il n'utilise qu'une batterie
réduite à un strict minimum, mais en même temps, il
sait intégrer de nombreux objets et de multiples
techniques.
A la base de ces pièces, il y a tout d'abord un tom
basse, fondamental, primordial, profond et évidemment,
grave. Pontevia en frotte la peau, la percute, la simule et la
déploie parfois avec délicatesse, d'autres fois
avec témérité, mais toujours
respectueusement et sensiblement, comme si ce bout de batterie
avait une signification émotionnelle
particulière et intime pour le percussionniste. Mais la
peau n'est pas seule, elle se déploie à travers son
cadre, des cymbales, des gongs et de nombreux objets
idiophoniques: Pontevia détourne les objets, les
assemble, et les fait vivre avec finesse et poésie,
avec musicalité. Chaque outil musical semble
posséder des potentialités infinies, abyssales,
grâce aux multiples approches sonores qui passent par le
frottement et la percussion des peaux, l'analyse des
harmoniques aux cymbales frottées, les glissandos des
gongs, l'interaction entre les différents types de
percussions, etc. Dans toute son étendue, la batterie
horizontale de Pontevia est analysée, puis
synthétisée, pleinement développée
et déployée. Chaque pièce atteint une
profondeur abyssale à travers des dynamiques
différentes dues aux caractéristiques toujours
singulières des timbres travaillés sur chaque
piste. Cette profondeur, ainsi que l'originalité des
timbres et des idées, permet à ces pièces
d'atteindre chaque fois une énergie intense et
puissante.
Laminaire développe neuf pièces d'une richesse
surprenante où chaque idée prend une profondeur
envoutante, une exploration sonore qui n'est pas exempte de
poésie et de musicalité, de sensibilité
et d'émotions. Quelle joie d'entrevoir l'étendue
des possibilités restantes sur les percussions;
apparemment, Mathias Pontevia sait rendre l'auditeur
absolument enthousiaste lors de sa submersion à
l'intérieur de l'univers mental et sonore du
percussionniste bordelais, un univers chaleureux et
raffiné, intelligent, soigné et
précis. Absolument recommandé!
Julien Heraud -- Improv-Sphere
In all seriousness, this might be what the future of releases
in our area of music looks like, a free download of the audio
files combined with a limited edition, impossible to replicate
physical release for those that still hanker after something
special to put on the shelves. The release in question is
Laminaire the second on the Un Reve Nu label, a new solo
release by Mathias Pontevia, the drummer/percussionist who has
never, despite what you might read in these pages been a
member of the group Hubbub… Pontevia is a Bordeaux
based musician with a history in free jazz, but can often be
found straying into more abstract improvised waters, such as
when part of the WPB3 group I have written
about once
or twice. This
is the first solo outing I have heard from him however.
Now, I wrote about the first release on Un Reve
Nu here
back in 2009. That disc, a solo by Guillaume Viltard was
available as a free lossless download, but also came as a
limited edition handmade release that consisted of two unique
oil paintings held together with magnets, so housing the disc
between them. The price of the physical release was high, but
it appeals a great deal to the likes of me that appreciates
music made available for free but also likes to purchase a
well presented physical object so as to ensure those
responsible for releasing the music get something back in
return. Laminaire has been released in a similarly extravagant
edition that sees the disc attached to the underside of a
clear resin disc, inside which assorted random objects have
been set. The image here is not of my personal disc, which
contains bits of wire, some kind of tiny penknife/keyring,
photos and a yellowing leaf, but it is similar. The resin disc
is then housed inside a handsome black material pouch. Even
before you put the CD in the player the release makes an
impression. Its not like anything else I own, and while the
resin disc is somewhat OTT and not something I personally find
that attractive, it is certainly very different, individual
and lovingly made.
More importantly though- how does it sound? Well there are a
variety of approaches here, ranging from the more
traditionally played, though expressively flared opening
tracks through to the more spacious and inventive array of
sounds on the later ones. The opening Career indeed careers
around a bit, twelve minutes of lopsided cymbal strikes and
deep rumbling bass sounds broken up by flurries of scattered
metallic attack. The tracks have been recorded in various
places. The first two tracks here, including the storm-like
brooding and eruptions of Career were captured in a museum,
and indeed the sound on these pieces feels big and resonant,
as if the room in which they were recorded was a big,
minimally furnished one. The next four pieces, if my basic
French translation serves me correctly were recorded in (in?)
a lake. Indeed, a photo at the label's website suggests that
this may have been the case as well, though there is nothing
in the third piece here to suggest that this was the
case. Track four, named Bale d'Along on the other hand is
bedded in a backdrop of twittering birds and passing aircraft,
and while there is still nothing particularly watery about the
music it does appear to have been recorded out of doors, so
who knows. The fifth and sixth pieces sound similar, with the
planes and birds on Saccharomyces Cerevisiae a nice, quiet
filler in the longer gaps between the separated strikes and
bowed cymbals of this more restrained, two minute long
vignette. The sixth track, Vecteur is the most aggressive and
angry here, full of crashing bass strikes and insistent
scraped metals though the birdsong seems absent, perhaps all
scared away by the heavier approach to playing.
Koiné, track seven of nine, and the longest piece here
at a little more than thirteen minutes is also my favourite of
the works here. The sounds are broken up into little sections
that settle apart like little islands, with a lot of small
sounds applied, though the spaces between are never overly
long and often still full of decaying metal sounds. There is a
wide range of techniques and textures here, and some very nice
decision making and placement of sounds beside one another
that gives the track a calm, yet constantly interesting and
occasionally surprising feel to it. All through the album I am
reminded of the work of Le Quan Ninh, but here more so than
anywhere else, though the music of the Swedish percussionist
Erik Carlsson also springs to mind. Koiné is a superbly
balanced, carefully considered improvisation that leaves
itself wide open by avoiding the moments of thunderous
turbulence we hear elsewhere on the disc but responds well,
with barely a weak moment heard throughout.
The closing Meet the Brush is a quiet, gentle way to end the
CD as just soft lines are drawn across drum skins, presumably
with a brush, mostly textured grey hisses but with some
quietly singing tones pulled out here and there. Overall
Laminaire is a great listen. Its likely to appeal to quite a
wide array of listeners as it touches on various trends in
improvisation at various times, but throughout its a very
skilled, nicely crafted set of pieces that suitably frame the
work of one man clearly engrossed in what he can achieve with
a drumkit. Solo improv albums work best for me when they
really capture something of a musician's personality and
character, and while I have never met Mathias Pontevia I sense
that this Cd does just that. Nice work indeed, but of course
you don't have to take my word for it, you can get the music
for free from here.
Richard Pinnell -- The Watchful Ear
This is one of those records where, after a while, I tend to look for the constituents of the sound rather than a strictly musical concept per se. The playing is at the same time physical and unspoken, placed in an area bordering with "regular" improvisation (including preparations) and Creative Sources-related settings. A lot of whispered harmonics; a general dearth of finished figures and phrases; thuds, honks, bounces and bumps; engrossing – if rare – subsonic moans and drones. Viltard surely likes conflict and ruggedness, yet he manages to make them coexist with a sort of underprivileged poetry that makes the whole not just listenable, but even moderately touching in certain occasions. The occasional participation of a wonderful selection of forest birds underscored by a faraway cuckoo (that's right, the guy went amidst the trees and the bushes to record) further enriches a CD that grows with subsequent listens, perfumed with integrity and revealing a number of interesting acoustic events.
Massimo Ricci -- Touching Extreme
Il vient de loin, à petits pas, soulève la
poussière du chemin et s'approche de nous, titubant et
grotesque, les bras tendus en une supplique muette. Puis il
gémit, s'assied sur une pierre et pleure. Le silence
s'ensuit, lourd de questions ouvertes. De sourds grondements
naissent de sa poitrine et, dès lors, il chante, une
mélodie pervertie à la récurrence
tourmentée. Que faire sinon attendre qu'il nous parle,
demande sa route, un verre d'eau ou l'asile pour la nuit ?
Mais, déjà, sa voix s'est affermie. Il nous
fustigerait presque, déçu qu'on ne l'ait pas encore
compris, qu'on n'ait pas entendu qu'il ne faisait que passer
et que, de cris en soupirs, ce n'est pas à nous qu'il
s'adresse, mais à cette montagne, là-bas, au
pied de laquelle il a décidé de creuser un trou
pour mieux s'y étendre et mourir.
Il nous en racontera, pourtant, des histoires à n'en
pas croire son propre entendement, des cordes
disloquées qui sonnent mieux après qu'on les a
humiliées, des meubles fendus en leur centre d'où
s'échappent encore les fantômes d'un passé
flamboyant, des souvenirs d'un temps où la musique
obéissait à d'inamovibles règles et
l'urgence d'une révolution qui, de
répétitions en silences, déboulonna les
certitudes les mieux affirmées.
Quand il nous eut dépassé, lorsqu'il eut rejoint
le lieu de sa quête, il s'arrêta, embrassa la
terre et creusa longtemps, avec rage et acharnement, un trou
assez grand qui puisse les accueillir, lui et son
instrument. Et l'herbe repoussa, enrichie de cet engrais
imprévu, épais, saturé de mémoire
et d'imaginaire.
La seule fois que je vis Guillaume Viltard, auprès du
saxophoniste Jack Wright et de l'électroniciste Grundik
Kasyansky, je n'eus d'oreilles que pour cette contrebasse
grinçante qui arrachait le son à la terre même,
comme si l'instrumentiste avait souhaité s'y enfoncer
à jamais. Et c'est exactement ce que je ressens
à l'écoute de ce solo capté en mai 2008
au Local et dans la Forêt de Bouconne : une
opiniâtreté dans la recherche qui ne faiblit
jamais et dénote aussitôt la marque d'un artiste
profondément authentique. Rien d'étonnant,
donc, à ce qu'Heddy Boubaker ait souhaité
inaugurer son nouveau label avec un tel artiste ! Sa
démarche mérite amplement les attentions qu'Un
Rêve Nu porte à ses productions : un objet
unique, illustré d'une oeuvre picturale
élaborée dès la rencontre entre la
plasticienne et le musicien, édité à peu
d'exemplaires et destiné à durer bien longtemps
après que les fichiers numériques du temps qui
passe aient succombé au grand bug?
[...]
Joël Pagier -- ImproJazz
[...] Ce disque est l'issue sonore et picturale d'une
proposition du label à Guillaume Viltard, et ce que
nous entendons est en quelque sorte un choix collectif,
même si bien sur c'est Guillaume qui joue. Les morceaux,
ou plutôt les moments choisis le sont par Guillaume
Viltard, Heddy Boubaker et Nicolas Carrière qui s'est
aussi occupé de tout le son (prises, mixage, mastering
etc). Pour en finir avec les détails, qui n'en sont pas
toujours, le disque a été enregistré en
multi-microphonies. Ce qui nous est donné à
écouter est un choix entre plusieurs prises
simultanées d'endroits différents.
Parfois on ne sait pas trop ce que c'est. C'est bon. C'est du
son. C'est une oreille (une pensée) à l'affut de
ce que des doigts (combien ?) ou un archet produisent, ou les
deux, et nous invite à nous promener là dedans,
dans le comment il les tord, comment il s'en amuse, s'en
détourne, les abandonne. Et puis les reprend. Il y a
des moments ou l'on est vraiment surpris de ce que sort cette
bonne vieille contrebasse et c'est magique.
La prise de son est très bonne. Par contre, je suis
gêné par l'équilibre dans les prises
extérieures entre les deux sources sonores, les sons
ambiants et ce qui est joué. C'est bien sur très
intéressant de se déplacer, de se baigner dans
des sons dont on va s'imprégner pour notre jeu. A un
moment on a vraiment une sorte d'agonie de vieux vaisseau
(cachalot) dans la forêt qui est d'une
étrangeté superbe.
Parce que, je ne sais pas vous, mais quand j'écoute un
disque ou un concert, je cherche toujours ce qui est à
l'origine de ce que j'entends. Par ce qui est à
l'origine, je veux dire pourquoi la ou les personnes font ces
choix. Et je peux partir loin dans le comment,
pourquoi... Vous l'aurez compris, je ne suis pas trop d'accord
avec ceux qui disent que l'art n'a pas de message, n'est pas
politique etc... Même si tout ça est à bien
peser. Mais donc là en l'occurrence ce qui me
gêne, c'est que j'ai l'impression que ce que j'entends,
n'est pas ce que Guillaume entends (des résonances
locales qui ne doivent pas aller jusqu'à ses oreilles
ou bien moins, des bruits secs qui jaillissent dans le
micro...). Et comme moi ce qui me passionne c'est son voyage,
comment il le mène. Eh bien des fois ça me met comme
une distance.
Alors peut être que là on arrive à la
question : &lquot; comment parler exactement du disque
? &rquot;
Pour la réalisation de l'objet, très beau
travail de mise en forme de la peintre Zéhavite Cohen,
peintures différentes sur chaque disque et chacune des
deux plaques de bois encadrant le C.D.
Pour la musique s'agit il d'une vision du travail solo de
Guillaume Viltard ou d'un disque solo ? J'ai envie de dire que
ce n'est pas complètement un disque solo. C'est
expliqué sur le site internet. Mais rien sur le disque
sinon le lien vers le site internet. Il faudrait que cet
aspect soit plus explicité sur le disque lui
même. Sans gacher le travail de la plasticienne. Pas
facile sans doute.
Benoit Cancoin -- Revue & Corrigée
Pas une course en avant, mais plutôt une magnifique assurance et une parfaite sérénité.
Un Rêve Nu, nouveau label propose deux planchettes de bois assemblées avec des aimants, ornées recto-verso avec de la peinture colorée et en vis-à-vis, deux beaux collages sombres où trône la contrebasse derrière laquelle se cache Guillaume Viltard, un fantastique contrebassiste. Ah oui, j'oubliais sur un centre de caoutchouc, un cédé enregistré au Local et dans la forêt de Bouconne, les 1, 2 et 3 mai 2008. Foin de démonstrations virtuoses, mais une profonde qualité du travail de l'archet, du timbre, des glissandos, des harmoniques. Le label d'Evan Parker, Psi, nous avait régalé avec des albums solos de contrebasse John Eckhardt (Xylobiont) et de de John Edwards (Volune). Nos amis du Sud-Ouest (dont le très bon saxophoniste et activiste Heddy Boubaker) nous envoient le premier numéro, Running Away. C'est vraiment superbe, maîtisé, aérien, subtil. Guillaume a titré chaque morceau Local 1, Local 2, etc jusque 6 et puis Bouconne1 et 2, soit huit belles pièces développant dans le détail un aspect de jeu. Local 6 a de magnifiques traces de freinage qui procure un excellent moment. Dans la forêt de Bouconne, le fugueur nous lâche dans la nature et donne vraiment envie de revenir au début du disque. On ne se lasse pas de ses mélismes abstraits et merveilleux. Une sensibilité fine qui se traduit dans les inflexions rares des harmoniques. Si vous n'avez pas encore entendu parler de Guillaume Viltard, sachez qu'on en parle hors des frontières. A découvrir absolument.
Jean-Michel Van Schouwburg -- ImproJazz
[...] Evitant le piège du produit, de la chose calibrée et toisée, l'accueil dans l'enregistrement d'éléments sonores extérieurs à la musique fait du disque quelque chose de tout à fait distinct du concert qui évite traditionnellement ces parasites autant que possible. Le disque passe alors dans l'ordre de l'écrit, c'est à dire de la mise en mémoire et de la création d'une réalité trop précisément complexe pour être le fait instantané d'un seul. L'écrit a inauguré sur le papier une grande mutation que la pratique de l'enregistrement aborde peut-être à son tour, selon des modalités qui lui seront propres. L'écrit prend une autre forme quand la vue, c'est à dire l'étagement et la géométrie de la page, se substitue à un flux (passer du rouleau au codex et de la graphie continue à la séparation des mots et à la ponctuation). Quelque chose du même ordre nous est donné par le cd de Viltard, travail d'une équipe sur un objet singulier, écoute prêtée par plusieurs à la musique d'un seul, et apport plastique distinct de Zéhavite Cohen pour chaque disque.
A l'écoute du disque, et c'est injuste, je me sens plus intéressé par le processus que par la musique de Viltard qui s'y prête sans rechigner (comme dans un roman on peut être happé par la style ou la structure plus que par l'histoire, les personnages ou les thèmes). Le contrebassiste, qui possède une puissante éloquence polyphonique, ne démérite pourtant en rien, évoquant par moments Peter Kowald ou Barre Philips.
Noël Tachet -- ImproJazz
[...] We find the CD slabbed between two parts of wood, that have photos on the inside, and handmade paintings on the outside. Both pieces of wood are held together by magnets. Nice work! [...] Some of the recordings were done in the open air, in the woods of Bouconne to be more precise. The other ones in some studio. Viltard proves himself as an improvisor with many extended techniques to his disposal. His music is from time to time very introspective, making it difficult to enjoy. But there are also many fantastic eruptions of soundimprovisation to be enjoyed here. The recordings that were done in the woods leave much room for the birds and environment, although it goes too far to speak of a dialogue with nature. On the other hand in my mind these outside recordings created the phantasy that the sounds produced by Viltard come from a horde of insects.
Dolf Mulder -- Vital Weekly
Un Reve Nu is a new netlabel that specializes in experimental improvisational music. Their first album titled Running Away features eight tracks by Ivory Coast bassist Guillaume Viltard. These are solo efforts on the upright bass but there does appear to be some electronic effects on a few tracks. However the main attraction is Viltard's clear virtuosity in getting a wide range of emotion and sounds from this sometimes unwieldy instrument. Another interesting musical experiment that you will never hear from the commercial music concerns.
Marvin P. Vernon -- Free Albums Galore
There are two aspects to this record I should discuss. First, the music: doublebass solos recorded in studio and in nature. Viltard masters a good range of extended techniques that allow him to explore the whole range of the instrument's sonic possibilities (some of which sounded new to my ears). His music is not particularly moving, but it stimulates the mind. Now, the object: Running Away is the first release on Un Rêve Nu, a label involved in art editions. The CD is packaged between two slabs of stratified wood, 19x14 cm, smooth on the inside faces where the cover and notes are printed, rough on the outside faces, which have been hand-painted. The pieces of wood are held together by four magnets. A unique design, marvelously executed.
François Couture -- Monsieur Délire
[...]Running Away is great, gripping, exciting stuff that I can listen to over and over again[...]
Read the full, long, accurate review of Richard
Richard Pinnell -- The Watchful Ear